Aliou Sall Gate : clap de fin !
« L’aliou Sall Gate » vient de connaître son épilogue. Du moins, provisoirement et partiellement. Provisoirement car nul doute que cette affaire continuera d’empoisonner et d’entacher durablement le quinquennat de son frère Macky Sall. Et partiellement car il n’est pas impossible qu’elle connaisse d’autres rebondissements dans les temps à venir.
Au terme d’une déclaration longue comme un jour sans pain, Alliou Sall a donc rendu publique sa démission du poste de directeur général de la Caisse des Dépôts et Consignations en se faisant surtout passer pour une victime de l’acharnement politico-médiatique. Pour une pauvre chèvre livrée à l’appétit féroce du lion de la savane, le bouc émissaire d’une cabale montée de toute pièce « d’une entreprise de déstabilisation savamment construite …dans une logique préconçue de politique de la terre brûlée ». Qualifiant de « malheureuse controverse et de tissu d’amalgames » ce qui apparaît aux yeux des observateurs internationaux comme une affaire de corruption. Pauvre et pitoyable défense d’un individu placé devant ses contradictions.
Avec cette décision qui était rendue inévitable tant les pressions ont dû être fortes à son égard qu’à l’encontre du chef de l’Etat, c’est avant tout la victoire de la démocratie sur le règne du pouvoir absolu. Ce pouvoir qui a permis au président de la République Macky Sall de faire bénéficier indûment ses proches, sa famille, en l’occurrence son frère, de ses largesses de la même façon que le monarque hier distribuait du haut de son trône ses faveurs à ses courtisans. Et s’achetait ainsi leurs bonnes grâces et leur complicité.
Je suis heureux et fier pour ma part d’avoir écrit voici quelques jours une lettre ouverte au Directeur de la Caisse des Dépôts et Consignations française – dont j’attends à ce jour la réponse – pour attirer son attention sur les soupçons qui pesaient sur son homologue Sénégalais à un moment ou un accord de partenariat était signé entre ces deux institutions financières de premier plan. Et de trouver illégitime, à défaut d’être illégal, cet accord avant que toute la lumière ait été faite sur les agissements d’Aliou Sall.
En tant que président du mouvement d’opposition Un Autre Avenir je suis également heureux et fier d’avoir évoqué le rapport de l’IGE (Inspection Générale d’Etat) qui en 2012 préconisait le retrait des permis octroyés à la société de Franck Timis PETRO-TIM et dont on sait aujourd’hui les relations que celle-ci entretient avec Aliou Sall. Des relations malsaines dans un Etat de droit.
Pour conclure, j’ajoute que je trouve particulièrement déplacé qu’Aliou Sall ait trouvé bon de clamer son innocence et dénoncer les accusations « calomnieuses et nauséabondes » la main droite posée sur le Coran. Que certains chefs d’Etat prêtent serment lors de leur investiture devant la nation sur un livre sacré est compréhensible en revanche brandir le Coran, comme le frère du président l’a fait, ne garantit en rien la moralité en politique. Ce serait trop simple et c’est surtout injurier l’avenir et un livre respecté par toute une communauté de croyants. De la même manière qu’on ne jure pas sur la tête de ses enfants. C’est indécent !
Au-delà, c’est aussi oublier que le Sénégal est un Etat laïc. Mais Aliou Sall n’est pas à une entorse près au respect des règles. Voilà, M. le Président, où conduit l’exercice d’un pouvoir autocratique. Il vous reste maintenant à en tirer les enseignements et à adopter un comportement digne d’un chef d’Etat républicain. Votre reconnaissance sur le plan international est à ce prix, de même que le respect à l’institution, à défaut de votre personne, de la part du peuple Sénégalais.
Ibrahima Thiam
Président du mouvement d’opposition « Un autre avenir ».