Macky Sall a t-il abandonné son projet de 3ème mandat de son plein gré ?
Pourquoi a-t-il abdiqué au dernier moment?
Nous essayerons de baser notre analyse, sur des faits concrets et sur des informations qui nous permettent d’affirmer que Macky Sall a été forcé au dernier moment d’abandonner de briguer un 3ème mandat.
En effet, lors d’une réunion organisée la nuit au palais présidentiel après la rencontre avec les maires qui soutenaient sa candidature, Macky Sall a été obligé de ne pas se représenter. Nous y reviendons largement.
Rappelons tout d’abord ce contexte important qui fait que les sénégalais ne se sont pas posés les bonnes questions pour découvrir le pot aux roses.
L’opposition et de nombreux sénégalais étaient persuadés qu’il allait se présenter. De nombreux sénégalais n’attendaient qu’une seule chose: la déclaration de sa candidature pour descendre dans la rue, prêt à en découdre et quel que soit le prix à payer.
Du côté du camp présidentiel, les indiscrétions mais également les fêtes pour la soirée prévue après sa déclaration de candidature, nous prouvent que personne n’attendait la réponse de Macky Sall de ne pas y aller et même dans son camp. Et ceci justifie le fait que certains militants parlent même de trahison.
Ils étaient sûrs que Macky Sall allait se lancer.
Tout le pays est donc sous un effet Tunnel.
Cet effet tunnel peut se définir ainsi:
« lorsqu’un enjeu est considéré comme très important par les intervenants, ils se focalisent dessus et ne prennent pas en compte les risques en cours d’évolution. L’analyse permettant l’anticipation est donc rendue impossible. Il s’agit de l’effet tunnel. »
Dans ce contexte donc, les sénégalais se sont simplement focalisés sur la décision de Macky Sall et l’ont interprèté comme un acte républicain pour l’intérêt du Sénégal.
Or, plusieurs éléments dans le discours mais également dans les événements d’avant cette décision prouvent le contraire.
Il a donc reculé non pas pour mieux sauter mais pour ne pas aggraver son cas.
Une série de faits et d’événements ont contribué à sa capitulation.
La plainte au niveau de la Cour Pénale Internationale, la déclaration d’Ousmane Sonko à la veille de son discours, la manifestation de sénégalais à la CPI et surtout la représentation des morts par les manifestants tachés de sang, simulants les morts sont entre autres des éléments qui ont pesé et ont permis à ceux qui ont tordu la main au président Macky Sall de remporter cette partie de pocker.
En outre, la pression internationale, le travail sans relâche de la Diaspora sénégalaise, les informations sur les nervis diffusées par les médias du monde entier ont aussi joué un rôle crucial.
Revenons sur la réunion lors de laquelle Macky Sall a été obligé de jeter l’éponge.
Dans sa conférence de presse et dans la plainte pour crime contre l’humanité déposée contre Macky Sall à la CPI, Juan Branco a cité à la page 168 plusieurs cadres du corps diplomatique et d’autres conseillers dont des militaires français
qui ont collaboré avec les autorités sénégalaises lors des manifestations du 1er et 2 juin 2023 ayant entraîné plusieurs morts. La plainte concerne aussi ces personnes ci-dessous.
C’est donc en connaissance de cause que la décision de forcer Macky Sall de stopper l’hémorragie a été actée et en présence de Mareme Faye Sall.
Pour convaincre Macky Sall, les points ont été mis sur les i.
Macky Sall a été bien informé que déjà la plainte à la CPI est très sérieuse.
Si sa candidature entraîne d’autres morts, ce sera des faits aggravants.
Les corps diplomatiques en mission à Dakar ont tous les vraies et bonnes informations sur tout ce qui se passe dans le pays.
Lors de cette réunion au palais, les participants n’ont pas manqué de rappeler les nombreuses irrégularités du procès d’Ousmane Sonko mais aussi les autres dérives y compris les nombreux reculs en matière de droits de l’Homme.
C’est pourquoi l’information selon laquelle Macky Sall a été obligé d’abandonner est vraie.
Premièrement, s’il était sûr qu’il allait prendre cette décision, il n’aurait pas organisé le dialogue national pour tenter de légitimer ou de valider sa 3ème candidature.
Deuxièmement , pourquoi, s’obstine t- il dans sa déclaration à dire que la Constitution lui permet de se présenter une nouvelle fois?
C’est une façon de ne pas perdre la face et de transformer cette décision en un acte héroïque en quelque sorte.
Troisièment, est-il logique de rassembler des centaines de maires de sa coalition à travers le Sénégal pour soutenir sa candidature à la veille de son discours du 3 juillet si en ce moment précis il savait déjà qu’il n’allait pas se présenter ?
Combien cette mobilisation a t- elle couté aux contribuables sénégalais ?
Aussi, cette logique et cette certitude de franchir le rubicon justifient le fait qu’il ridiculisait les opposants en les caricaturant sur la question du 3ème mandat lorsqu’il reprenait le fameux » Nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs ».
Voir ce lien…..
Par ailleurs, une autre information non analysée par les sénégalais ( effet tunnel et le contexte tendu obligent) est le fait que Macky Sall a ordonné aux maires présents à cette rencontre et qui soutenaient sa candidature illégitime de retourner dans leur ville, de se tenir prêt et de jouer le rôle de Shérif dans le maintien de l’ordre en quelques sortes.
Croyez – vous qu’un Président de la République qui a déjà décidé de ne pas se présenter à ce moment précis de la rencontre avec les maires aurait besoin de brandir des menaces ou de pousser les maires dans ce sens ?
Lors de son dernier voyage à Paris, à l’occasion de la conférence sur la Finance, à la résidence de l’ambassadeur et devant les militants, Macky sall a lancé devant les militants qu’il allait gagner en 2024. Là aussi pour une personne qui ne participe pas, une telle déclaration peut soulever des questions.
Nous précisons qu’on peut obliger une personne aussi soit par la force, mais aussi par un autre moyen.
Ici les informations et tous les paramètres judiciaires, la colère de la rue, les menaces sur la paix au Sénégal ont été mis sur la table.
Macky Sall ne pouvait que peser le pour et le contre en voyant les risques encourus et a abandonné dos au mur.
Son discours même aurait été repris une fois qu’il était obligé de ne pas se présenter à la présidentielle.
Depuis plusieurs années,Macky Sall occupe des postes de responsabilités.
Et qui dit responsabilité dit voyages sans fin, nombreuses réunions, pression et éloignement quotidien auprès de sa famille et de ses proches et amis.
Sa décision de quitter la course présidentielle devrait être donc pour la première dame Mareme Faye Sall, un soulagement.
Une femme normale serait ravie de pouvoir enfin avoir son mari que pour elle.
Cependant, les images montrent une Mareme Faye Sall mécontente.
Quelque jours avant, à la Mecque on a vu la même personne accomplissant un acte religieux dans un lieu saint d’une manière plus que décontractée.
Là aussi à ce moment là, elle était encore sûre que son mari serait candidat en 2024.
La perte soudaine des privilèges de première dame, la décision surprise y compris dans le cercle fermé des cadres de l’APR était plus forte que tout.
Résultat des courses, c’est comme si un mini tremblement de terre avait frappé les militants de la majorité présidentielle qui découvrent soudainement cette réalité.
« Seul le règne de Dieu est éternel. »
La suite nous en connaissons une partie pour le moment :
certains ont voulu transformer cette obligation en un acte héroïque.
Rappelons ici que sa présentation serait une violation de l’article 27 de la Constitution. Donc le fait de s’abstenir un d’accomplir d’un acte illégal est interprété ici comme de la bravoure à tort ou à raison selon le camp où on se situe.
D’autres ont montré devant les caméras et dans les réseaux sociaux leurs talents pour une reconversion en comédiennes ou en pleureuses des morts qui est également un métier quelque part dans certains pays africains où on paie des personnes pour pleurer les morts.
Toujours dans l’arène politique, pour la paix et la stabilité au Sénégal l’organisation d’un scrutin inclusif devrait préoccuper chaque acteur politique ainsi que chaque partenaire du Sénégal.
La rue sénégalaise éternelle bouclier pour sa démocratie n’a pas encore dit son dernier mot.
Ibra Khady NDIAYE