Entretien: Edwy PLENEL, Directeur Fondateur de Mediapart. Les lanceurs d’alertes sont-ils des alliés ou des adversaires de la Démocratie ?
La séparation des pouvoirs exécutifs, judiciaires et législatifs sont dans de nombreux pays des garants pour la liberté de la presse. Des acquis démocratiques qui permettent aux journalistes d’exercer librement leur noble métier. Toutefois, on note de nombreuses dérives ça et là dans le monde. Monsieur Edwy Plenel est le Directeur Fondateur du site d’information Mediapart, un médiat indépendant d’investigation à l’origine de l’ouverture de plusieurs enquêtes judiciaires en France, grâce au travail de ses journalistes. Parmis ces enquêtes, on peut citer notamment les Affaires de Madame Ingrid Betancourt, l’affaire des financements présumés de la campagne électorale de Nicolas Sarkozy par la Libye du Colonel Khadafi en 2007, l’affaire Jérôme Cahuzac ou encore la vente de tableau par l’ancien Ministre de l’Interieur Monsieur Claude Guéant. La protection des sources chez les journalistes dans des cas de secrets défenses sont souvent des sources de conflits entre les pouvoirs politiques et les journalistes. Au Sénégal, récemment un journaliste du nom de Pape Ale Niang a été arrêté plusieurs jours puis est désormais sous liberté conditionnelle. Pour cause, certains politiques considèrent des lanceurs d’alertes comme Julien Essenge, Édouard Snowden comme des ennemis. Un postulat qui contraste avec cet idéal d’Albert Londres qui est d’une importance capitale pour le Directeur de Mediapart et pour les journalistes dans l’exercice de leur métier:
« Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. ».
Cet idéal d’Albert LONDRES est-il possible aujourd’hui ?
– Edwy Plenel: « La démocratie c’est le mouvement, la démocratie c’est le refus de l’immobilité. Il y a toujours des nouveaux droits à conquérir, des nouveaux droits à inventer et des nouveaux droits à défendre. Quand on veut tuer la démocratie, on décréte que tout doit être immobile…. comme dit la Cour Européenne des droits de l’homme dans un arrêt très célèbre. Elle parle du journaliste comme des » chiens de garde de la démocratie. Alors ils n’ont pas besoin d’être sympathiques, ces chiens de garde. Ils peuvent avoir de la bave dans la gueule ou aboyer y a pas d’heure…C’est une alerte, quand on s’en prend à un journaliste, quand on s’en prend à cet élément positif du désordre démocratique, c’est que la démocratie est entrain de filer un mauvais coton. »
Pour le cas du journaliste Pape Alé NIANG, le Direct de Mediapart est catégorique:
» L’arrestation de PAN comme on l’appel là-bas au Sénégal ….est une atteinte profonde à la démocratie . Bien sûr que des personnes peuvent contester son travail. Mais dans ce cas là on lui demande des comptes devant un tribunal indépendant. On ne le met pas en prison. »
Edwy Plenel : « Nous à Mediapart, nous publions très régulièrement des documents confidentiels, des documents qui relèvent d’un secret. Mais nous montrons devant les. tribunaux que ce secret est indu. Ce que ces documents révèlent, le public a le droit de le savoir… »
À suivre: l’image de la France en Afrique est -elle écornée aujourd’hui ? Qu’en pense Monsieur Edwy Plenel ?
Ibra khady Ndiaye IKNEWS